Force tranquille

La force tranquille, la pudeur, la puissance de l’être, juste l’être.

Exister de plus près. Ne rien donner à voir, à découvrir, peu de geste, l’essentiel, sans artifice.

Attendre. Seulement attendre que ce soit. S’exposer. Suggérer et montrer. Ne plus taire. Dire. Définir. Oser. Ne plus attendre qu’il soit trop tard. Dans le geste, dans le mot. Dire « J’existe ». 

Le sexe féminin laisse certains ébahis par le minimalisme de sa toute présence. Le sexe de la femme existe en soi. Il s’accomplit en silence. Il ne montre que sa surface. Il ne montre rien. Rien du tout. 

Pour le découvrir, cela nécessite un geste, un effort, une intention, un désir. Pour le découvrir, il a besoin d’offrir son accord, dire « Oui ». Et c’est tout le corps qui doit dire « Oui ». L’esprit et le mental n’ont rien à voir. Leur « Oui » n’a aucune valeur si le corps ne donne pas son accord. L’antre demeure fermé. Seul le viol en force l’entrée.

Combien de fois me suis-je laissé violer par consentement mental ou émotif? Alors que mon corps non seulement n’était pas prêt, il ne voulait rien savoir. Trop entrainée à dire « oui » pour l’autre quand c’est « non » pour soi. Perdre l’autre en se perdant soi. Se laisser violer par amour, pour l’amour de l’autre, déchire le voile de l’amour de soi.

Par la suite, on se punit d’avoir laissé la violence pénétrer tout son corps. Se punir en ne s’aimant plus soi-même, en se rejetant. L’estime et la confiance en soi abandonnés par une blessure béante de mal-aimé. Se laisser mal-aimer parce qu’on a été mal-aimée. 

Il est temps de renoncer à la sécurité du pattern pour entrer dans l’amour de soi, là où se situe la sécurité profonde. Les autres arrivent et partent de notre vie alors qu’on vit intensément toujours avec soi. Vaut mieux s’aimer que de s’abandonner. 

Faire honneur, honorer le sexe de la femme une fois pour toutes 

Cesse de me violer en me volant, en me prenant. Cesse de violer le sacré en bafouant mon sexe d’attributs qui le dégradent et le maltraitent. Cesse de me traiter de putain ou de salope quand je jouis.

Lieu de plaisir, de jouissance et d’enfantement. Tu y auras accès seulement lorsque tu auras compris que l’amour que je cultive envers moi est plus grand que celui que j’éprouve pour toi, plus grand encore que l’amour lui-même.

Je te permets l’accès à ce lieu sacré, ce lieu le plus intime de moi, en autant que tu honores toi aussi l’opportunité et le privilège d’y accéder. Plus que mon corps, c’est à mon âme que tu « fais l’amour ».  Le savais-tu?

Je revendique ma place. Je dis oui à mon existence.

Line Blouin
Artiste arts visuels

 

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