Depuis plus de 30 ans, je nourris en secret un jardin qui a les saveurs et les odeurs de l’Inde. L’Inde de Gandhi et du Dalaï-Lama, l’Inde d’Andréa, de Léa et de Krishna Das. L’Inde de moi assise sur un banc d’université, bouche bée devant la splendeur des sculptures voluptueuses hindoues. J’ai pleuré mille fois cette terre qui m’appelle et dont j’ai jusqu’ici ignoré le cri. Je marche sur la route de ma destinée.
Sur les eaux sacrées du Gange, je me suis assise et j’ai pleuré
Ma vie, la vie
La source de lumière et le puits de l’ombre
J’ai hurlé la souffrance enfouie
Le bonheur sous l’épiderme crasseux de l’illusion
Le sourire commis de mille misères
J’ai pleuré la distance de moi à toi
J’ai crié ce qui nous unit
De l’impérissable souvenance de nous
Baignée, immergée de toi, jusqu’aux os
Ma blessure à vif, suintant de mon amour inassouvi de toi
D’un temps immortel
Je rêve du jour de nos retrouvailles
J’embrasserai tes plaies et les ferai miennes
J’embrasserai ta ferveur et l’unirai à la mienne
Je libèrerai ma peur de toi
Ton visage envahissant purifiera mon passé
Laissera naître l’enclave embryonnaire de ce qui vient à moi
Dénudée de l’avant toi
Un jour, je m’y suis noyée
Emportée par les épousailles de mes ancêtres
Aller rejoindre les Déesses et les Dieux
Et ne jamais revenir
Un jour, je suis née de toi
Et me suis abreuvée à ta source
Line Blouin
Paru dans ROSE, le webzine du féminin sacré
Novembre 2018