La puissance de l’errance

En des jours plus difficiles, où l’énergie n’est pas au rendez-vous et où les besoins du corps et de l’esprit demandent de ralentir, de me reposer, de prendre soin, de faire silence, j’accepte qu’il en soit ainsi.

J’ai finalement accepté qu’il ne me servait à rien de lutter contre nature, de chercher à nier, de tenter d’être autrement, de me culpabiliser, de me sermonner, de ressasser le passé, de m’inquiéter pour l’avenir, de m’imaginer le pire, de provoquer du mouvement… j’ai finalement accepté de laisser être le mouvement naturel.

J’ai tellement tenté de changer l’état du moment lorsque désagréable. Tous ces efforts demandent une telle énergie alors que celle-ci peut être mobilisée à autre chose de plus salutaire comme la réparation cellulaire et intérieure, la guérison du coeur, du corps et de l’âme.

Choisir de vivre les états de mon être au lieu de les nier ou de lutter contre m’a permis d’accéder plus aisément et avec plus de clarté au moment présent sachant que ce présent est vivant, en mouvance et éternellement fluctuant. C’est pour moi une manière d’apprendre et d’intégrer la notion de permanence de l’impermanence. Cela est bon et guérissant!

Maintenant, je valorise mes états d’errance en les laissant se vivre en moi. L’errance nécessaire, ce lieu de l’Être où tout semble en suspension entre deux mondes, où je n’ai de prise sur rien, où j’observe le fluide de mon histoire voguer sur la rivière de ma vie, là où je suis à la fois sujet d’observation et observatrice, là où je me donne le droit être qui je suis.

Ce lieu que je qualifie de compostage est si fertile. Sous un manteau répulsif se cache les composantes d’un tournant qui se prépare, d’une prise de conscience, d’une initiation et même d’une vie nouvelle.

L’Être a besoin de se retirer du monde effervescent pour transiter, pour se charger de sa nouvelle mission, pour intégrer le passé, pour digérer ce qui fut pour être dans ce qui est et accueillir ce qui vient. J’en ai besoin!

Je pense que la valorisation du “faire” au détriment de “être” ampute les êtres d’une grande partie de leur puissance créatrice. Non pas celle de créer un objet mais celle de “se créer”, de s’amener au monde comme on accouche et ce dans tous les aspects de son être.

Il est dorénavant primordial pour moi de demeurer à l’écoute de mon intuition et de mes mouvement intérieurs. L’Être sait. Je lui fais confiance. Je sais que la pulsion intérieure de me retirer, de faire silence, mérite d’être entendue et respectée tout comme les élans de me manifester par la matière dans le monde.

En allant un peu plus profondément dans l’écoute de mes élans, la porte s’ouvre sur leur motivation. Les temps d’errance favorisent la pleine conscience sur ce qui me motive à agir, à prendre des décisions, à m’arrêter, à me retirer. Est-ce que je répond à un besoin fondamental ou est-ce que je suis en pleine réaction à une blessure intérieure?

Peu importe la réponse, la puissance amoureuse de l’errance agit en silence, en accord avec mon être en mettant un baume là où c’est nécessaire, souvent à mon insu derrière le rideau de scène de ma vie.

J’honore ce processus de grande transformation, de transmutation et de transcendance.

Line Blouin
Réflexion sur le processus intérieur de guérison
18 septembre 2019

Image : « Le temps se dépose » (collection privée)
Line Blouin, technique mixte sur papier

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